Un matin, j’eus à me rendre à l’hôpital avec ma sœur qui, elle, allait passer des examens pour la gorge. À mon grand étonnement, j’ai rencontré le préposé aux rayons X qui, lui, me demanda si mon médecin était entré en contact avec moi. De retour à mon domicile, j’expliquai la situation à ma mère qui, elle, ne voyait aucun rapprochement, en raison de sa nervosité. C’est alors qu’elle décida d’entrer en communication avec mon médecin:
– Mon fils Michel arrive de l’hôpital et il est tout excité car il a su que vous deviez le rejoindre pour lui fixer un rendez-vous.
– Ma chère madame, il est vrai que j’ai reçu les résultats, mais, pour plus de précisions, je dois me rendre à l’hôpital cet après-midi pour relire les résultats des examens, car je n’y comprends rien.
Le soir même, j’étais au sous-sol, à jouer une partie de billard avec Myriam, quand tout-à-coup le téléphone sonna.
– Allô! répondit ma mère.
– Puis-je parler à madame Fortin?
– C’est elle-même; que puis-je faire pour vous?
– Ici la secrétaire du docteur X. Cet appel a pour but de vous aviser que Michel devra se présenter à la clinique du docteur X à 14 heures demain.
C’est à ce moment que ma mère raccrocha le téléphone et versa quelques larmes de désespoir, puisqu’elle comprit que cet appel confirmait ses doutes.
Immédiatement après s’être calmée, elle me fit venir là-haut pour m’expliquer la situation.
Sur le coup, je ne réalisais pas le problème, mais lorsque je me suis couché, j’eus le temps d’y réfléchir à tête reposée; la peur de souffrir et de mourir m’envahissait. C’est alors que je saisis mon appareil téléphonique pour rejoindre Myriam et lui expliquer mon “feeling” face à cette situation, en laissant échapper quelques larmes. Elle n’eut aucune misère à comprendre la situation, mais fut incapable de parler, car elle avait trop de peine à voir souffrir quelqu’un qu’elle aime.
Le lendemain, arrivé à la clinique du médecin, je pris un siège et attendis d’être appelé dans son bureau:
– Bonjour, Michel.
– Bonjour, doc.
– Comment ça va?
– Moi, ça va super bien, mais j’aimerais beaucoup qu’on y vienne tout de suite.
– Alors, Michel, la situation est bien compliquée… C’est pour t’informer du fait que tu as une tumeur cérébrale.
– Qu’est-ce qu’une tumeur cérébrale?, lui demandai-je d’un ton inquiet.
– C’est une tumeur située en plein centre du cervelet. Tumeur qui nécessitera une intervention chirurgicale.
Dans un geste de désespoir, je penchai la tête et murmurai:
– Les risques de mourir sont-ils élevés?
Il ne répondit pas à cette question, mais précisa que l’hôpital allait communiquer avec moi et m’admettre pour procéder à la chirurgie. Ce qui ne tarda pas car, le lendemain, je reçus la convocation.
La semaine qui précéda l’opération fut consacrée à différents tests physiques comme électrocardiogramme, échographie cervicale et bien d’autres tests pour diagnostiquer mon état physique.
Le 1er octobre 1985
Juste avant la prémédication, beaucoup d’idées noires me traversaient l’esprit, comme:
– Aurai-je la force de passer au travers?
– Ai-je la force d’accepter la défaite, le cas échéant?
– Aurais-je dû faire de grandes expériences avant ce jour qui décidera si oui ou non j’aurais le temps de les vivre?
Durant la chirurgie, mes parents sont restés à s’inquiéter dans la salle d’attente car ils voulaient demeurer à l’hôpital pour être au courant de tous les faits et gestes se rattachant à cette opération.
Je fus donc de retour à 18h30 aux soins intensifs des sciences neurologiques. C’est à cet instant que mes parents, qui avaient rencontré le docteur Y, m’expliquèrent que l’opération s’était déroulée à merveille et que, d’ici deux jours, je pourrais obtenir les résultats à savoir si j’étais atteint d’un cancer malin ou bénin.
Le lendemain, lors de mon réveil, j’éprouvai un sentiment de gaieté, à voir que le moral positif m’avait aidé à passer au travers.
Mais, à mon grand étonnement, une infirmière vint me rendre visite et, d’un ton désespéré, m’apprit que le prélèvement fait lors de mon opération n’était tout simplement qu’une cellule cervicale et non pas un tissu cancéreux.
Face à cette annonce, je restai indifférent car j’attendais la confirmation de ce dire qui ne tarda pas. Le lendemain, je rencontrais le médecin qui, lui, fit le point sur la situation.
– Michel, nous aurons besoin de repratiquer une intervention chirurgicale car ta tumeur obstrue un canal du nom de céphalorachidien qui, lui, est congestionné et il crée une pression sur tes ventricules du cerveau. L’opération aura pour but d’insérer un conduit du cerveau à l’intestin et cela aura pour effet de permettre un meilleur fonctionnement car, présentement, ton système subit une pression par rapport à ce problème.
– Cela va-t-il être dangereux?
– Il est sûr que je vais toucher à ton cerveau.
– Je serai prêt.
À mon retour dans ma chambre, l’ambiance était plutôt froide à l’idée que ma vie était toujours en jeu. Dans un geste de désespoir, je pris la main de ma mère et me mis à pleurer. Elle fit de même, ainsi que mon père.
Toute la semaine, je me préparai psychologiquement à acquérir un moral positif face à cette nouvelle intervention.
Le 10 octobre 1985:
Je partis confiant pour l’opération à 7h45 et fus de retour à 9h45 avec une bonne nouvelle puisque le tout s’était bien déroulé. Mes parents restèrent à mon chevet toute la journée. J’étais lucide, mais inapte à bouger. À 20h30, lors de la fin des visites, mon père eut la gentillesse de demeurer avec moi toute la nuit car, dans ma confusion, j’avais des besoins que je n’étais pas en mesure d’accomplir seul.
Le jour suivant l’opération, le docteur Y vint me rencontrer et mit la situation au clair:
– Salut, Mike. Ça va?
– Très bien, merci, doc!
– Tu peux rester encore quelques jours pour reprendre des forces, mais tu devras ensuite retourner à ton domicile parce qu’ici, il n’y a plus rien à faire.