Le 27 février 1986 était la date de l’hospitalisation. J’étais donc présent à 13 heures avec ma famille qui tenait à être à mes côtés car elle voyait dans mon visage des signes de stress et de nervosité. Elle savait bien que pour parvenir à une réussite, j’allais avoir besoin de tous ceux qui m’aiment et de mon JAPOV.
À mon admission, j’ai connu un préposé du nom de François Latour qui eut l’amabilité de me présenter à quelques personnes qui pouvaient m’aider dans mon cheminement vers la gloire, telles que l’infirmière en chef du département de pédiatrie, un psychologue et le prêtre de cet hôpital, l’abbé Jacques Veilleux.
Ce dernier est venu nous rencontrer et nous avons parler de mes sentiments face à cette opération.
– Tu as pris la décision de venir te faire opérer ici?
– Oui!, répondis-je d’un ton confiant.
– Comme je peux voir, tu m’as l’air beaucoup décidé…
– C’est seulement de cette façon que j’aurai des chances de passer au travers. Et je vais passer au travers.
– Je pense que rien ne peut te faire changer d’idée, mais aurais-tu quelque chose d’important à me révéler?
– Oui. C’est tout simplement que j’ai de la peine de voir que, durant cette période, j’aie pu perdre confiance en Dieu…
– Je t’arrête tout de suite. Je suis persuadé que, de là-haut, le bon Dieu voyait que tu souffrais et a compris cette frustration à son égard.
– Je sais, mais je tenais quand même à le dire pour me prouver que Dieu n’est jamais source du mal.
– Michel, peu importe le résultat, Il sera toujours à tes côtés car tu es Son enfant et Il t’aime.
La discussion se poursuivit et je lui ai fait quelques confessions qui sont plutôt d’ordre personnel.
J’en étais à quelques jours près de savoir si l’espoir qui vivait au fond de moi était fondé ou non. Le docteur Picard venait me rendre visite une fois par jour pour m’expliquer le déroulement de toute cette chirurgie et de tout ce qui s’y rapporte, de même que me rassurer parce qu’il détectait chez moi certains signes de nervosité.
Le 19 mars 1986 constitue pour moi une date importante; ce fut le jour de cette chirurgie qui décidait de ma vie. Je savais très bien qu’à mon réveil, j’allais être fixé sur mon état de santé.
Je suis resté pendant neuf heures sur la table d’opération; ensuite j’ai été conduit aux soins intensifs.
Pendant ce temps, le docteur Picard, qui avait terminé, alla rencontrer mes parents pour leur expliquer la situation:
– Je viens à l’instant de terminer l’exérès de la tumeur qui causait des problèmes à votre fils et le tout s’est déroulé d’une façon parfaite.
– Vous avez réussi à la lui enlever complètement?
– Je vais être franc avec vous; je n’ai pu en retirer que 90%. Mais, heureusement, le minime pourcentage qui reste pourra être brûlé en radiothérapie.
– Je peux donc en conclure que mon fils est sauvé?
– Je pense que oui.
Mon père, très heureux, remercia le médecin en lui donnant une poignée de main très chaleureuse.
À ma sortie des soins intensifs, ma mère, qui restait tous les jours avec moi, eut une discussion avec l’abbé Jacques Veilleux qui lui révéla:
– Dans toutes mes années de service, je n’ai jamais vu quelqu’un se remettre aussi vite que votre fils. Cela démontre bien qu’avec le JAPOV, tout devient possible; sans oublier, bien sûr, le merveilleux travail du docteur Picard.
Quelques jours plus tard, je recommençais à être lucide et je n’avais aucunement besoin d’avoir des explications. Je pressentais au fond de moi que le docteur Picard avait réussi à me libérer de cette emprise. Mais, pour en avoir la certitude, je le demandai au docteur pour qu’il confirme mon pressentiment, s’il y avait lieu.
Après cette confirmation, qui fut formidable pour moi, j’eus la conviction qu’enfin j’allais pouvoir reprendre goût à la vie. Le docteur ajouta qu’une fois rendu à Jonquière, j’allais devoir me rendre à l’Hôpital de Chicoutimi pour suivre des traitements qui avaient pour but de faire disparaître un minime pourcentage de tumeur restant. Il m’expliqua en même temps que si j’avais quelques problèmes au niveau du manger, marcher et parler, cela était absolument normal car la tumeur était située dans le cervelet et que, pour y accéder, il avait dû créer un déséquilibre au niveau des mouvements. Mais le tout, me fit-il savoir, devrait rentrer dans l’ordre avec quelques traitements de physiothérapie et de la pratique.
Il ne pouvait toutefois pas se prononcer sur ma vision, mais me fit rencontrer dès le lendemain un ophtalmologiste, le docteur Alain Gourdeau.
– Salut, Michel; prends un siège. J’ai examiné ton dossier et ai discuté avec le docteur Picard. J’ai vite remarqué que, durant la chirurgie, le docteur Picard, en retirant cette tumeur, a touché un nerf de la vision, ce qui cause une vision double chez toi.
– Aurai-je à supporter cela bien longtemps?
– Je ne peux me prononcer sur ça, car on voit ce phénomène sur bien des gens. Dans plusieurs cas la vision se rétablit seule, mais, chez les autres, on doit procéder à une intervention et, parfois, le patient doit porter des verres de correction.
– Je vous remercie.
– Je te fixe rendez-vous dans neuf mois pour examiner alors quelle alternative nous devrons utiliser.
À la maison, beaucoup de proches sont venus me rendre visite pour échanger et prendre quelques nouvelles.
Tous les lundis, mercredis et vendredis, je devais me rendre à l’hôpital pour y subir un traitement de physiothérapie.
Pour ce qui est de la radiothérapie, j’eus à rencontrer le docteur François Brochet.
– Salut, Michel. J’ai pris connaissance du taco(*) qui démontre très bien qu’une partie de ta tumeur a été enlevée. Il en reste un certain pourcentage et je crois que la radiothérapie pourra y remédier. (*) – Rayon X très précis pour démontrer l’état d’un organe.
– Puis-je savoir s’il y a des effets secondaires à ce traitement?
– Oui, c’est sûr qu’il y en a. Comme, par exemple, une perte temporaire des cheveux, une diminution du goût, mais je suis sûr que le positif de ce traitement vaut la peine de supporter ces effets secondaires.
– Oui, je suis prêt et je commencerai dès que vous me le direz.
Alors, je partis avec la technicienne qui, elle, me fit des marques sur le crâne pour une plus grande précision et je commençai mes traitements deux jours plus tard, soit le mercredi, en jumelant ces traitements à la physiothérapie pour une facilité de transport.
Plus les jours avançaient, plus mon état semblait s’améliorer, mais je ne peux en dire autant de la fierté personnelle. Ayant repris goût à la vie, j’éprouvais le besoin de rencontrer des gens et, d’un instinct naturel, j’avais le goût de revoir Myriam. Je l’appelai pour tenter de lui expliquer mes intentions, mais Myriam s’était fait un autre ami. Moi, je me suis fait comme idée qu’elle ne pensait plus à moi. Beaucoup de gens dans mon entourage m’ont conseillé d’aller la rencontrer, mais je ne pouvais accepter cette solution car j’étais honteux de mon physique.
Je terminai mes traitements de radiothérapie et de physiothérapie le 25 août 1986 avec des résultats très satisfaisants.